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Captive

La série intitulée *Captive* invite à une réflexion sur la relation entre lumière, perception et enfermement, à la fois physique et psychologique. Elle s’inscrit dans une réflexion sur ce que la lumière et l’obscurité peuvent emprisonner ou libérer.

Captive de la lumière et de l’oubli

Dans la première photographie, le visage effacé par la surexposition semble littéralement "captif" de la lumière. Ici, la lumière, d’habitude associée à la révélation ou à la clarté, devient paradoxalement un élément d’oppression. L'identité de la personne est capturée puis dissoute par la luminosité excessive, un peu comme si la lumière elle-même prenait en otage la personne représentée.

Le sujet est littéralement emprisonné dans une lumière si forte qu’elle gomme son individualité. Ce processus peut être interprété comme une métaphore de la sur-médiatisation dans notre société actuelle, où l'exposition constante finit par entraîner l’effacement de la vraie identité. Comme dans les œuvres d’Andy Warhol où la répétition d'une image célèbre peut entraîner une perte de son essence, ici la lumière capture et anéantit.

Captive du temps et de l’espace

Dans la deuxième photographie, le cerf volant suspendu sous le réverbère semble figé dans le temps, capturé dans une bulle d'immobilité, malgré l'environnement nocturne et urbain qui l’entoure. Le cerf volant, symbole d’innocence et de liberté dans d’autres contextes, devient ici une figure paradoxale : flottant dans l’air mais captif d’un fil invisible et de la lumière. Cette tension entre mouvement et immobilité, entre évasion et emprisonnement, évoque un sentiment d’attente et de suspens. Cet objet, suspendu et isolé dans un espace où il semble à la fois étranger et présent. C'est comme si cet objet, tout comme le souvenir ou l'instant qu'il représente, était piégé dans une temporalité où il ne peut ni avancer ni reculer, un instant suspendu dans le temps, similaire à un souvenir figé mais impossible à oublier.

Cette image évoque également la théorie de Roland Barthes sur la photographie, plus particulièrement son concept du "punctum", ce détail singulier dans une image qui attire l’attention du spectateur et provoque une émotion inattendue. Ici, le cerf volant, simple et banal, devient ce "punctum" – un point de fixation dans la scène, suspendu entre lumière et obscurité, entre mouvement et immobilité. Ce contraste crée un effet de contemplation qui nous amène à voir au-delà du banal, à projeter nos propres souvenirs ou émotions sur cet objet en suspens, ce cerf volant flottant dans l’obscurité pourrait être une métaphore de l’innocence ou du souvenir d’enfance qui persiste dans un cadre plus sombre et adulte. La lumière devient alors un élément qui donne vie à cet objet flottant, mais qui souligne également sa vulnérabilité, comme si le cerf volant était un souvenir suspendu dans un espace entre passé et présent, entre l'insouciance de l’enfance et la réalité du monde adulte.

 

Captivité intérieure et poétique de l’absence

Dans les deux photographies, il y a une forme de "captivité intérieure". Dans la première image, la disparition du visage dans la lumière suggère une forme de répression ou de perte de soi, une identité captive de son propre effacement. Dans la deuxième, le cerf volant flottant devient captif de son environnement nocturne, comme un souvenir insaisissable piégé dans une mémoire floue.

Conclusion : La lumière comme outil de captivité et d'évasion

Dans cette série "Captive", la lumière devient un outil double : à la fois captif et captivant. Elle emprisonne les sujets dans des jeux de visibilité et d'invisibilité, les rendant à la fois présents et absents. Ce dialogue entre présence et absence, entre le figé et le mouvant, est au cœur de cette série. Elle nous confronte à une perception ambiguë où l’ordinaire devient prisonnier du cadre et du regard, mais où chaque image invite également à une réflexion sur ce que nous voyons, et ce qui, malgré notre regard, échappe toujours à notre perception.

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